"Je suis profondément déçu de la nouvelle PAC mais pas abattu. Ce sont les libéraux qui ont gagné", a déclaré Jean-Michel Lemétayer, président de la FNSEA, premier syndicat agricole français. Pour Luc Guyau, président de l'APCA (Assemblée permanente des chambres d'agriculture), cet accord est "lourd de conséquences pour l'avenir de l'agriculture. Nous ne partageons ni le choix de la dérégulation des marchés, ni celui de la renationalisation de la PAC. Le gouvernement doit assumer toute la responsabilité de cette décision", a-t-il affirmé. La réforme met en place un système de paiement unique direct aux exploitations, et conditionne l'octroi des aides à certains critères environnementaux et de sécurité alimentaire. Elle prévoit également une baisse de certains prix d'intervention qui soutiennent les cours dans l'UE. Cet accord "anéantit 40 années d'efforts pour développer une politique agricole fondée sur l'organisation commune des marchés", déplorent les Jeunes Agriculteurs "plus que jamais décidés à poursuivre le combat". "Cette réforme me fait mal et me laisse un goût amer", a déclaré Jérôme Despey, leur président. "M. Gaymard avait dit qu'il était ferme mais pas fermé (vis-à-vis du projet de réforme, ndlr). Je l'ai trouvé plutôt ouvert", a-t-il constaté. La Coordination Rurale qualifie l'attitude de la France de "capitulation" et se déclare "extrêmement déçue après les promesses et les grandes déclarations du gouvernement français qui indiquait refuser toute réforme avant 2006". La Confédération Paysanne estime que ce compromis constitue "un pas vers le démantèlement des politiques agricoles communes" et exhorte les paysans européens "à se battre pour empêcher la disparition de la politique de préférence communautaire". Le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin s'est lui félicité de l'accord, estimant que ce compromis était en grande partie dû à "l'entente franco-allemande". Le compromis donne "satisfaction" à la France, a estimé le ministre de l'Agriculture, Hervé Gaymard. "Il préserve les principes essentiels de la PAC et maîtrise les effets de la mondialisation des échanges agricoles. Il trace également des perspectives pour les 14 millions d'agriculteurs jusqu'en 2013", a expliqué son ministère dans un communiqué. Il s'agit d'"une bonne nouvelle pour les Français et pour les agriculteurs français", a déclaré le ministre délégué au Budget, Alain Lambert. Cette réforme devra être "accompagnée et compensée" pour les agriculteurs, a cependant nuancé le président de la Commission des Finances à l'Assemblée nationale, Pierre Méhaignerie (UMP). Le Parti socialiste a, en revanche, dénoncé "le double langage" du gouvernement qui "pousse même le cynisme jusqu'à exprimer sa satisfaction". Cet accord est "un nouveau coup de massue porté à notre agriculture", a estimé le Parti communiste. "Le gouvernement français a cédé devant les exigences de l'OMC et des Etats-Unis", a-t-il déploré. "Il aurait mieux valu pas d'accord du tout plutôt que ce très mauvais accord que la France s'est fait imposer par la commission de Bruxelles", a renchéri le président du Mouvement pour la France (MPF), Philippe de Villiers. "Les agriculteurs sont sacrifiés par les politiques", dénonce le mouvement Chasse, Pêche, Nature, Traditions (CPNT), estimant que "la politique proposée d'aide au revenu (...) conduira inévitablement à la disparition des exploitations dans les régions à moindre potentiel". |